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L' Histoire, les mythes et les légendes de la casbah de Boulâaouane sont tous trois des discours sur le réel qui interagissent dans la culture populaire, l?éducation et la mémoire collective. Par ces interactions, permettent-ils le dépassement de la réalité ? Dans la mesure où l?Histoire connait des évolutions, qui consistent notamment à récuser les discours biaisés et les réutilisations du réel. La Doukkalia Halima El Ghachoua, native de la région de Boulâaouane était-elle vraiment l'épouse favorite du Sultan Moulay Ismaïl. 

La Casbah de Boulâaouane, élevée sur la rive gauche d?Oum Rbia, dans les Doukkala. Elle est, en effet, un des plus beaux vestiges du règne du Sultan Moulay Ismaïl, qu'on a appelé le Louis XIV Marocain.

Construite en 1700 pour servir de gîte d'étape au Sultan, lorsqu'il se rendait de Fès à Marrakech, cette Casbah est perchée au sommet d'un rocher à pic, au point le plus étroit d'une grande presqu'île, formée par le cours sinueux de l'Oued Oum Rbia, qu'elle domine et surplombe sur deux de ses faces et elle n'est reliée que par une étroite bande de terrain, au plateau des Aounate. Vue de loin, accrochée au sommet d'un rocher abrupt, ses tours et ses remparts crénelés lui donnent un magnifique aspect architectural imposant. Sur la façade principale, une porte monumentale en superbes pierres de taille, porte au fronton, une inscription en caractères arabes rappelant la date de sa construction.


Dans l'intérieur se voyaient, pendant le protectorat, les ruines de la demeure du Sultan Moulay Ismaïl, vaste maison carrée, à grandes et élégantes colonnades ; sur les murs, des pièces s'apercevaient des vestiges de mosaïques multicolores et de belles arabesques sur plâtre. Dans un coin de la cour intérieure, une grande tour carrée de 12 mètres de hauteur, dominait la casbah. Vue splendide au sommet, mais inaccessible par suite de l'état de délabrement de l'escalier inférieur. Dans l'enceinte, s'élevait une mosquée, dont les voûtes étaient supportées par dix-huit colonnes ; dans l'une des cours, se dressaient la petite kouba et le tombeau de Sidi El Mansar, lieu de pèlerinage fréquent des femmes stériles.

Une très jolie légende se rattache à la casbah de Boulâaouane. On raconte qu'au cours d'un des fréquents voyages du Sultan Moulay Ismaël, les gens de Boulâaouane, très pauvres, n'ayant rien à lui offrir, lui amenèrent une jeune fille de leur douar, nommée Halima El Ghachoua. Celle-ci vint en pleurant, se prosterner devant le Sultan et lui dit en se dévoilant : « Acceptez-moi et prenez-moi en targuiba (offrande) ; mes frères sont si pauvres, qu'ils n'ont rien à vous offrir ; ils n'ont même pas une charrue ou une terre qu?ils peuvent cultiver ». Touché de compassion et pris par les charmes de celle jeune fille, Moulay Ismaïl la fit monter au sommet de la tour de la Casbah et lui dit : « Je donne à tes frères et à toi, tout le terrain que tu peux apercevoir.

Halima El Ghachoua devint l'épouse favorite du Sultan et vécut choyée dans de somptueux appartements, spécialement aménagés pour elle. L'escalier couvert qui donne accès de l'intérieur de la casbah aux bords de l'Oum-er-Rebia, fut construit pour lui permettre d'aller prendre son bain sans être importunée

Du vivant de son épouse favorite, Moulay Ismaïl affectionnait particulièrement le séjour de Boulâaouane où il faisait de longues apparitions au cours de ses voyages, entre Fès et Marrakech. Après la mort de Halima El Ghachoua, Moulay Ismaïl fut si profondément affligé, qu'il fit fermer la casbah de Boulâaouane et n'y revint jamais plus. Il décida, pour perpétuer le souvenir de sa favorite, que cette casbah ne serait plus habitée.

 

L'histoire de la casbah de Boulâaouane est fort intéressante, non seulement par les souvenirs qui s'y rattachent, mais par le caractère grandiose de cet édifice. Halima El Ghachoua, l'épouse favorite du Sultan Moulay Ismaïl aurait pu attirer précocement l?attention des historiens sur cet objet d?étude afin de distinguer clairement le mythe de la réalité. La Doukkalia Halima El Ghachoua était-elle vraiment l'épouse favorite du Sultan Moulay Ismaïl.